Du Québec aux mille collines


L’éducation au Rwanda
24 juin 2009, 15:54
Filed under: Éducation

Par Julie-Anne Boudreault

Depuis un siècle, l’éducation au Rwanda a connu de grandes vagues d’influence sous la colonisation belge, l’hégémonie catholique, le génocide et le régime de Paul Kagame. Lors de la période colonisée par les Belges, l’église catholique, omniprésente au Rwanda, a modernisé l’école et a construit plusieurs salles de classes. Néanmoins, des examens d’entrée discriminatoires reflétaient l’énorme rupture entre les deux principaux groupes culturels qui se sont déchirés lors du génocide qui a prit fin en 1994.

Investir dans l’éducation, investir dans l’avenir

Suite à cet important bouleversement de la société rwandaise, le gouvernement de Kagame a bien cerné qu’investir dans l’éducation devenait primordial : elle constituait une voie pour l’avenir afin « que les générations à venir comprennent les erreurs de leurs aïeux afin qu’ils aient la possibilité de réfléchir à leurs propres valeurs et actions. » ( Extrait du Mémorial de Kigali) Actuellement, l’école rwandaise est une école de la paix puisqu’elle réunit les enfants de tous les anciens groupes culturels confondus. Les examens d’entrée à l’école se réfèrent maintenant aux qualifications des enfants, mais le groupe culturel des Batwa demeure pourtant marginalisé et présente un taux plus faible d’alphabétisation que le reste de la population nationale. La Commission nationale pour l’unité et la réconciliation a réussi son mandat d’assurer une meilleure stabilité à travers le pays avec ses programmes d’éducation contre l’idéologie du génocide. Sur certains panneaux routiers à travers le pays, nous pouvons lire : « Turwanye ideologiya genocide twubaka igihugu cyanu » (Luttons contre l’idéologie génocidaire en rebâtissant notre pays).

Une politique linguistique, un nouveau système éducatif

Lors d’une assemblée l’UNESCO, Murenzi soulève plusieurs problématiques du système éducatif rwandais : le manque d’enseignants qualifiés suite aux massacres du génocide et à l’exil de plusieurs intellectuels à l’étranger; le manque de matériel didactique, de ressources, de manuels et de matériel scolaire. Pour satisfaire les besoins de plus de 1,6 millions d’enfants rwandais qui vont à l’école chaque jour, le ratio d’élèves par professeur, en milieu rural, est de 50 enfants par classe.

Depuis 2009, une rotation est faite à chaque jour avec une cohorte d’élèves l’avant-midi, et une autre l’après-midi. Le gouvernement veut peut-être permettre à un plus grand nombre d’élèves d’aller à l’école et ainsi réduire le taux d’abandon?

Avec le nouveau système éducatif (Nine years of basic education) lancé en 2009 par Kagame, le gouvernement s’assure que tout enfant rwandais d’âge scolaire débute sa maternelle et suive le parcours scolaire suivant : six années au primaire, et  trois années au secondaire. Ensuite, l’enfant peut choisir de poursuivre trois autres années au secondaire avant d’entrer à l’université, s’il en a les moyens, ou bien si le gouvernement lui accorde une bourse ou un prêt (suite aux examens d’entrée de l’État).

Un des problèmes majeurs de l’éducation est l’enseignement en anglais à partir de la quatrième année. L’anglais, n’ayant aucune racine linguistique étroite avec le kinyarwanda, la langue maternelle parlée au Rwanda, et n’ayant pas une correspondance graphème-phonème (représentation graphique – son) aussi évidente que les langues transparentes comme l’italien, représente une difficulté supplémentaire dans l’apprentissage  des élèves, puisqu’ils doivent apprendre des sujets très abstraits dans une langue qu’ils ne maîtrisent pas parfaitement.

Un article dans le Rwanda Dispatch affirme que les enseignants ont reçu les ressources nécessaires afin de bien vivre cette transition. Malheureusement, la situation n’est pas telle dans les milieux reculés. Un décalage se crée entre les enseignants d’expérience qui enseignaient en français, et les nouveaux formés qui sortiront parfaitement bilingues du Kigali Institute of Education. L’éducation étant un bon élément pour stimuler l’économie et orienter la population vers une démocratie durable, le pays note déjà une croissance économique suite à la transition linguistique, selon le Rwanda Dispatch. L’anglais demeure quand même une langue seconde plus utile que le français pour les rwandais. Espérons que de plus larges ressources seront offertes aux enseignants en milieu rural.

Un plan stratégique ambitieux

Orienté par les Objectifs du Millénaire, le Rwanda vise avec son programme d’alphabétisation à atteindre un taux de 80 % à 90 % d’alphabétisés. Le gouvernement a également entamé une nouvelle initiative très originale et audacieuse : le E-dream, c’est-à-dire le One Lap-top per Child initiative afin de favoriser l’apprentissage des élèves en classe. En ce moment, le gouvernement rwandais a débuté des démarches pour mobiliser 50 000 ordinateurs portatifs et évalue ce projet à 250 millions de dollars américains, d’ici 2012. Ce projet s’inspire d’un projet pilote réalisé à Tunis en 2005.


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